Dépression et Espace intérieur…
Comment appréhender la dépression ? Comment la vaincre ou mieux la traverser ?
On estime à environ 5 % au moins la possibilité de vivre une dépression grave au cours d’une vie. La dépression effective ne correspond pas au simple sentiment de déprime. ainsi 30 % de la population ont l’impression de vivre une dépression alors que ce n’est pas le cas. Il ne suffit pas de ressentir une peine importante pour être dépressif. Le système dépressif ou « dépressiogène » correspond à des états engendrés par des situations où le sujet se trouve dans des situations sans issue, des situations d’impasse. la dépression est un affaissement, un ralentissement de l’être pensant et affectif parce que le combat lui semble impossible en raison d’un poids excessif de ses idéaux. Il ne peut plus se récupérer, se ressaisir pour surmonter ce qui le divise.
La dépression est un affaissement de l’être. Elle est souvent déclenchée par un événement bouleversant et qui ne peut être élaboré. Elle renvoie bien souvent à des mécanismes de défense instaurés lors des premières étapes de développement si les besoins premiers ont été menacés. Sont en cause ici des enjeux de survie en lien aux processus de séparation que l’enfant va vivre dans sa toute petite enfance.
Un sujet qui n’aura pas pu édifier en lui une contenance, une consistance et une indépendance dans ses relations affectives premières sera fondamentalement en état de dépendance. Il établira sa survie sur des constructions imaginaires qui, dans un premier temps et aussi longtemps que faire se peut, lui permettront de ne pas sentir son vide intérieur. En phase de dépression, ces sujets feront l’expérience, qui veut dire « traverser le danger », d’un effondrement dans ce vide jusqu’à se replier sur eux-mêmes et leurs fonctions végétatives. Sans sécurité de base, ils n’ont pas l’étayage nécessaire pour s’adapter à ce qu’ils vivent.
Il existe une première traversée dépressive que l’enfant vit à l’âge de six mois environ, période où il commence à jeter ses jouets. A travers ce geste d’affirmation ou d’agressivité apparent, il met en scène une guerre de libération et s’assure qu’il est indépendant de son jouet. Puis, il y a cet objet transitionnel, ce « doudou », petit morceau de tissu censé représenté l’environnement maternel, que l’enfant utilise pour se reconstruire un monde et se consoler… Première traversée dépressive qui in fine enrichira l’enfant en l’emmenant au coeur des grands sentiments humains. Elle est essentielle car la dépression de l’adulte pourra ressembler étonnamment aux premiers tourments de l’enfant.
Bien sûr, si la dépression du tout petit n’a pas pu se traverser parce que maman n’était pas suffisamment bonne ou top absente, l’adulte la vivra plus tard sous une forme plus dramatique.
Quoi que nous fassions, nous avons tous fait face au manque, nous avons dû tous sortir de cette situation de dépendance totale pour aller vers un état de dépendance créative.
Aussi, si nous sommes en situation difficile d’un point de vue relationnel, ne perdons pas de vue que l’autre a aussi été tout petit et vulnérable avec un doudou…
N’oublions pas au passage que la plupart de nos entichements, passions et marottes qui viennent se loger dans notre espace intérieur sont des transform’actions de ces doudous de l’enfance…
Parallèlement aux traitements, il s’agira dans l’accompagnement de sujets dépressifs d’aider à reconstruire l’espace intérieur.
La prise en charge, quelle que soit l’approche, consistera à
– recharger l’affectivité de la personne
– lui redonner de l’énergie psychique
– puis, quand ce sera possible, jouer et créer.
Passer ainsi d’un espace intérieur réhabilité à un espace intérieur qui crée.
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